lundi 19 janvier 2009

Purgatoire

Un parc.

Le ciel s'allume, ou peut-être s'éteint. Quoiqu'il en soit, il n'est qu'à moitié. Il est doré. Endormi.

L'astre bas allonge presqu'infiniment l'ombre de la femme et de son siège, son autel, son piédestal, son trône. Un banc de bois cassé auréolé d'herbe et de sable, à l'image de l'esprit de son occupante, lui brisé et chevauché à la fois de plaines sauvages et d'océans désertiques de désillusion.

Sa tête se retrouve, le plus naturellement, dans ses mains, seuls réceptacles disponibles pour le supplice qui se déverse. Elle perd tout lien avec tout. Elle sombre, simplement.

Des bras l'entourent. Elle se sent envahie. Elle pense à repousser l'intrusion. Elle y pense. Les bras se ressèrent. Elle veut regarder. Elle ouvre les yeux, essuie plusieurs fois ses larmes. Elle veut voir.

Elle me voit.

Nos regards ne se croisent pas. Je continue à l'étreindre. Elle hésite, puis prend mes mains dans les siennes, et pleure.

Qui est cette femme ? Je n'ai même pas un visage à préjuger. J'ignore à quoi elle ressemble. Est-elle belle ? Oui, forcément. Mais pourquoi le serait-elle ? Et pourquoi pas ?

Pourquoi pleure-t-elle ? Que s'est-il passé ? À quoi a-t-elle pensé ? Elle sert plus fort. À quoi tient sa vie ? Est-elle triste, ou malheureuse ? Comment est sa vie ? A-t-elle une vie ? Qui est-elle ?

Elle reprend lien. Je ne suis plus. Je n'ai jamais été. Oublie-moi, oublie comme tu as oublié, l'espace d'un instant, qu'un monde t'entourait au-delà de mes bras.

Elle se lève, met un pied en avant. Elle marche droit, sans se retourner. Le ciel est éveillé, ou s'est endormi. Quoiqu'il en soit, il est couvert.

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