jeudi 19 mars 2009

Généroégalisationnisme

Une scène me trouble.

J'embarque dans l'autobus. Un homme me fait suite. Légèrement habillé, transportant un sac en plastique peu volumineux et semblant contenir quelque chose de pas très précieux, le quidam a tout l'air d'un itinérant, ou pas loin. Il se met à parler avec le chauffeur du car. Curieux, j'empêche ma musique de déranger mon ouïe. Disons que pour les besoins de l'histoire, l'itinérant s'appellera Hobo, et le chauffeur sera Yoshi. Parce que ça ressemble à "ochi", qui veut dire "non" en grec.

Donc Hobo parle avec Yoshi. Il lui dit qu'il n'a pas l'argent pour payer son droit de passage, et demande à faire quand même un petit bout. Probablement plus pour se protéger du vent que pour aller réellement quelque part. Yoshi refuse. Hobo insiste. S'ensuit une longue discussion qui stagne notre autobus puisque, on s'en doute, Yoshi refuse de partir avec cet énergumène à bord.

Au bout de deux minutes, Hobo sort de sa poche de la menue monnaie, la compte. Manifestement pas assez pour s'aquitter de son droit de passage. Pour prouver sa volonté de suivre les règles, il dépose tout de même toute sa fortune dans la petite fente, sans lui dire adieu.

Je me demande comment Charon aurait réagi, lui.

Yoshi, pour sa part, se contente de tenter de raisonner Hobo, et lui assure qu'il vient de refuser une faveur similaire à un autre passager, et qu'il est soucieux de l'égalité de ses concitoyens.

C'est alors que l'inévitable se produit *roulement de tambour* : une jeune femme assise non-loin se lève et va payer le reste du billet de Hobo.

Yoshi, résigné, tend son ticket à Hobo qui doit bien rire de sa gueule, et démarre enfin son engin, direction seconde étoile à droite et tout droit jusqu'au matin. Hobo va parler à sa nouvelle amie. Leur histoire finira alors que la femme descend du car, trois arrêts plus loin.

Générosité de la part de cette jeune femme qui a vu le besoin criant d'un homme désespéré pour un abri ? Ruse sagace de la part de notre ami Hobo qui savait très bien que ça finirait par en arriver là, et qui de toute façon n'avait rien à perdre ? Ou peut-être agacement de la part de la bienfaitrice qui a juste voulu arriver à temps à son rendez-vous chez le gynéco, peu importe le prix ? Ou alors une combinaison des trois ? Quoiqu'il en soit, je lève mon chapeau à M. Hobo. Peu importe l'intention de part et d'autre, sa méthode est à ce jour la plus originale et la plus efficace que j'aie vue. Appart le triflûtiste. J'aime le triflûtiste.

2 commentaires:

  1. Xénophilie, quel drôle de mot !
    Serait-ce le terme politiquement correct pour un bon vieux "interracial sex" ?

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  2. Euh... Intéressante anecdote...

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