mardi 3 février 2009

Valeur du travail

Petite déviation du sujet qu'il m'intéresse principalement d'élaborer sur mon blogue. Je me promenais sur le net, parce que chacun sait que le web est un grand chemin entouré d'une végétation luxuriante et diversifiée où il fait bon entendre le chant des petits zôziaux, et je suis tombé sur un article. Un test, en fait, où l'écrivain d'un blogue proposait à son lectorat de faire le test pour lui-même, et où il mettait ses propres positions en évidence.

Voici sa réponse à la question 4, demandant son avis sur le travail :

b) Rien contre le travail, mais celui-ci ne doit pas être lié à la survie.

I just... fail ! to understand. Quelqu'un peut-il m'expliquer, me dire que je suis dans l'erreur, que j'ai manqué quelque chose ? J'en perds mon français littéraire, vous allez voir !

Est-ce que ce gars-là vient de dire que la vie de rêve pour lui c'est de quêter ? Hey le travail dans la société moderne ne sera peut-être pas absolument nécessaire à ta SURVIE, mais il va te donner une maudite belle VIE par exemple !

Désolé mais survivre sans travailler, pour moi ça implique une des choses suivantes : quêter, ou voler. Et les deux impliquent un effort, et donc sont une forme de travail anyways, et de plus ne reçoivent pas de respect de ma part (bon je SAIS que des gens ont pas le choix, venez pas me faire ch*er avec ça, je parle pas de cas limites ici, sinon c'est trop facile !)

Quelqu'un va même, dans les commentaires à ce message, jusqu'à dire, et je copy-paste : "Vivement que tu prennes le pouvoir pour que j’arrete de bosser et que je vive sur le dos des autres ! Si il y en a qui aime bosser, je leur laisse ma place. Une chambre et deux repas par jour, un acces à internet, le tout gratuit et je vous jure que vous ne m’entenderez pas chialer."

Justement. Vivre sur les dos des autres. Maudite belle philosophie. Désolé pour ceux que ça choquera, mais il existe selon moi des gens qui ne méritent pas de vivre, et ceux qui ont pour ambition de vivre sur le dos d'un autre, y compris le mien, en font partie. Et mes amis savent que je ne suis pas égoïste, pourtant ! Quelqu'un qui se permet de revendiquer quelque chose comme ça sans rien offrir en retour, ce n'est pas défendable. Ni pour un kantien, ni pour un utilitariste. C'est dire...

Récemment, un ami (que je laisserai anonyme) m'a avoué ne pas savoir où il en était, être tanné de ses études, désirer avoir un minimum de moyens financiers. Il m'a dit, textuellement : "Tu avais raison tout ce temps !" Dans le sens où j'avais raison d'avoir été un peu matérialiste dans l'optique de m'offrir plus qu'une survie, donc un niveau de vie même plus qu'acceptable, disons agréable. Oui, il m'a dit ça un peu en blague, et je ne considère pas que j'ai raison plus qu'un autre dans ce sens, absolument pas. Mais il avait ENVIE de travailler pour gagner, plus ou moins honnêtement, ce qui ne lui est PAS dû.

En réponse à l'option b) sus-mentionnée, je répondrai deux citations pêchées ailleurs :

- Pour tuer un homme, empêchez-le de travailler.
- Le monde ne te doit rien, il était là avant toi !

Je pense que ça résume ma pensée. Je voudrais remercier mon père pour m'avoir transmis un certain sens du devoir et un respect du travail et de l'effort, et ma mère pour avoir fait en sorte que mon père le soit.

11 commentaires:

  1. Je ne peux parler au nom de M. Anarcho-pragmatiste, mais généralement, les gens associé-e-s au courant anarchiste ont en effet une vision négative du travail. Mais là attention, il faut distinguer deux nuances dans un seul terme. La critique radicale du travail attaque l'aspect soumis et aliéné de ce que représente aujourd'hui le travail (travail => tripalium => torture). Dans ce sens, ce qui est critiqué est que les gens subissent la contingence capitaliste les empêchant de faire ce qu'ils ou elles veulent vraiment faire. À titre d'exemple, je ferai référence à un précédent billet de ta part où tu mentionnais que le 'travail' d'écrivain n'était «pas assez payant».
    Ce qui est dénoncé du milieu du travail (du moins, la critique à laquelle j'adhère) est l'inégalité générée par un milieu d'emploi très contingenté où l'on ouvre les portes à tout le monde alors que seulement quelques privilégié-e-s ont la possibilité d'y passer le porche.
    Ceci dit, critiquer le travail en idéalisant sur une société où certains et certaines n'auraient pas à travailler (d'autre le faisant pour eux) n'est que faire l'apologie de l'état actuel des choses. Ce n'est que reluquer la place du puissant et non mettre à terre la hiérarchie qui permet à ce dernier de s'élever au-dessus des autres.
    À mon avis, la responsabilité collective de l'entraide doit nécessairement être corollaire à la responsabilité individuelle. Dans cette optique (et seulement dans celle-là), j'abonde dans le même sens que ta critique : «vivre sur le dos des autres» est un manque grave de considération sur la réalité humaine.

    Dernier point, la seconde citation (qui est de Mark Twain) peut être comprise dans deux sens divergents :
    1° le monde (les gens) n'ont pas à te donner quoi que ce soit;
    2° le monde (la planète) était là avant l'humain, ce dernier n'a donc pas le loisir de se l'approprier à sa guise.
    Je penche naturellement pour la seconde version, mais je suis d'avis que l'on puisse l'interpréter différemment.

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  2. Merci Steffen, bien que je diffère en quelques points par rapport à ton avis, j'apprécie bien ce genre de critique constructive.

    Pour revenir à mon commentaire comme quoi être écrivain ne paie pas assez, rendu là ce n'est pas la société qu'il faut blâmer, ce sont ceux qui n'aiment pas la lecture du genre de choses que j'écris, parce que ce sont eux qui pourraient me faire une clientèle assez nombreuse pour me permettre de vivre. Mais puis-je en vouloir à quelqu'un de ne pas aimer quelque chose ? Pareil pour le théâtre et la plupart des programmes contingentés. En-dehors de certaines injustices comme la mauvaise distribution des subventions, le problème majeur reste tout de même qu'il n'y a pas assez de public pour que tous les comédiens, écrivains, musiciens, etc. en devenir puissent passer le porche, comme tu dis. Alors nécessairement, on tente en tant que collectivité de pousser les "moins bons" (discutable, je sais) dans ces domaines à se recycler dans quelque chose où ils seront tout de même utiles à la société et qu'ils n'haïront pas trop. On tente de leur offrir la plus belle compensation. Ceux qui restent malgré tout acceptent le risque de rester dans l'ombre des plus grands, tout en sachant qu'il y a une infime chance qu'ils percent.

    Bref, l'injustice à ce niveau, nous la créons tous. Et c'est nécessaire. Quand on n'aime pas un écrivain ou un groupe de musique, est-ce qu'on va acheter son livre ou son disque "parce qu'il a travaillé fort et qu'il le mérite" ?

    Je ne m'insurge pas contre le fait que des gens veulent ne pas souffrir inutilement en travaillant. Et si c'est dans ce sens qu'il fallait considérer l'option b), alors c'est qu'elle a été absolument mal formulée. J'ai la forte impression que la signification de cette réponse était que le travail ne devrait pas être obligatoire, tout le monde a d'emblée les moyens de survivre, fournis par l'État, la communauté, je ne sais pas, et qu'ils choisissent de travailler si ça leur chante. Et ça je trouve ça inacceptable. Je crois qu'on ne devrait pas posséder quoi que ce soit que l'on n'est pas prêt à entretenir décemment dans les limites de nos capacités, et cela inclut la vie.

    Pour la citation de Mark Twain, je suis encore en partie d'accord. Je pense que l'humain devrait avoir deux droits d'égalité fondamentaux : la liberté de chances, et la liberté de considération. Bref on part tous sur un pied égal jusqu'à preuve du contraire (une preuve étant quelque chose d'assez intense), et on a autant de chances que les autres relativement à nos capacités réelles. Peter Singer s'étend largement sur le sujet. Mais au-delà de ces égalités, je ne vois aucune raison d'aider quelqu'un qui ne veut pas s'aider lui-même.

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  3. Le fait que je ne considère pas le travail nécessaire à la survie ne veut pas dire que je crois que personne ne devrait travailler!

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  4. Anarcho-pragmatiste, je t'invite à éclaircir ce point. Jusqu'à preuve du contraire je vais prendre pour acquis que l'option proposée par le test était seulement mal formulée.

    J'avoue que le commentaire de Steffen a laissé dans mon esprit quelques interrogations quant à la pensée du courant anarchiste sur la question. Peut-être vous deux pouvez-vous aider à préciser ?

    Mais content que tu sois tombé sur mon billet !

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  5. Avant que vous développiez sur la question. Je trouve que le débat est pertinent et bien emmené et que Steffen répond de manière pertinente. Il ne manque qu'une chose essentielle : une définition claire de ce que vous entendez par "travail". Coeus, tu sembles avoir une conception assez englobante de la notion de travail qui n'est peut-être pas la même que celle d'anarco-pragmatiste.

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  6. Je crois qu'il est pertinent de répondre à un aspect de ton commentaire, celui énoncé dans ton second paragraphe. Lorsque tu dis que ce n'est pas la société, mais le public qu'il faut blâmer du manque de succès d'un ou une artiste, je crois que tu perçois encore la situation dans le cadre problématique que je dénonce du travail. Ce que tu illustres démontre à quel point le travail est soumis aux règles d'offre et de demande, et c'est ce jeu de domination qui aliène le travail. Si un écrivain ou une écrivaine ne perce pas le marché, je ne m'insurge pas contre son manque de popularité. Je m'insurge contre le fait que cette personne, en comparaison avec un autre individu faisant aussi ce qu'il ou elle désire et qui, par effet de popularité aurait davantage de revenus de son travail, n'obtient pas le nécessaire pour vivre décemment.
    Le problème principal avec le marché de l'emploi est que l'on peut faire ce que l'on désire, dans la mesure où ce même désir est soutenu par la collectivité. Or, la société, par les modes et courants de pensée, fait des choix parmi ce qu'elle considère comme étant digne d'être soutenu ou non. Ainsi, le résultat sera que seul-le-s les artistes réussissant à véritablement se montrer digne d'un soutien parviendront à 'vivre de leur art'.

    Tu parles d'utilité à plusieurs reprises, et tu cites même Peter Singer (un philosophe utilitariste contemporain). Pourtant, je me demande si tu as bien considéré, dans une optique où ce qui est utile est ce qui maximise le bien-être en fonction de la pyramide de Maslow (cinq besoins fondamentaux), qu'un ou une artiste est plus souvent qu'autrement inutile ? À l'exception de l'attrait pour l'esthétique ou pour le sentiment positif qu'une oeuvre-d'art génère, en quoi peut-on considérer utile la part de travail d'une telle personne ?
    Je crois que l'idée d'utilité mérite d'être supprimée, car elle a le penchant malheureux de hiérarchiser l'importance de certaines activités sur d'autres en fonction du désir de la majorité, au détriment de minorités. Cessons de chercher à optimiser la société; tâchons plutôt de faire notre part des tâches communautaires tout en s'adonnant aux activités que l'on considère, chacun et chacune, comme valable à accomplir.

    Je suis bien d'avis à répondre à quelques unes de tes interrogations concernant l'anarchisme, mais je crois avoir dépassé mon lot en espace. Je t'invite à formuler des questions qu'il me serait possible de répondre sur mon blogue. Comme pistes de lecture je te propose l'ordre moins le pouvoir de Normand Baillargeon.

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  7. Je dois dire ici être d'accord avec Steffen même si ses écrits sentent le marxisme plus que je ne peux le supporter. Je suis en accord surtout avec son premier paragraphe.

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  8. J'avoue utiliser le vocabulaire traditionnellement rattaché au socialisme. Néanmoins, si un quelconque de mes propos est semblable dans son fond (et non seulement dans sa forme) aux écrits de Marx, c'est non volontaire, n'ayant rien lu de lui, et ne connaissant que très peu ses théories.
    Je tiens à faire remarquer que toute critique radicale du système capitaliste passe nécessairement par la prise en compte de certains concepts attribués aux courant socialiste, dont Marx n'était pas le seul tenant.

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  9. Tout d'abord, pour les besoin de cette discussion à laquelle je veux introduire aussi peu de variables psychologiques que possible, je propose de prendre pour acquis que "ce que les gens veulent" inclut : ce qu'ils veulent vraiment, et ce qu'ils pensent vraiment vouloir ; car il est possible de se rendre compte que ce qu'on pensait vouloir ne nous importe pas tant que ça finalement, mais je pense que c'est une subtilité que nous pouvons nous permettre d'ignorer.

    Si chacun faisait ce qu'il veut, nous arriverions à une situation où plusieurs personnes ne désireraient pas travailler du tout, ou le moins possible, ou dans le travail le moins forçant possible. Je ne dirai pas la majorité des gens, je ne prétends pas disposer de statistiques pour prouver mon point, mais je me fie à un entourage que je considère diversifié, et dans lequel peu de gens, de toutes sortes de caractères, recherchent la complexité et le défi dans une optique de satisfaction intellectuelle ou morale.

    Mais je pense que nous admettons tous que ne pas travailler implique nécessairement de vivre sur le dos des autres. Et je ne peux pas concevoir une société sans récompense de l'effort, où le médecin comme la cosméticienne gagne ce qui est nécessaire à sa survie et à un niveau de vie acceptable, mais sans plus. Si quelqu'un a un contre-argument à ce dernier point, qu'il le prononce, nous aurons peut-être l'occasion d'en faire le sujet d'une discussion à part entière.

    Ceci dit, je crois que permettre à tout un chacun de faire ce qu'il veut, c'est permettre à une relativement grande partie de la population (dangereusement grande, peut-être ou peut-être pas, je l'ignore, mais au moins trop grande pour être raisonnable) de choisir un emploi non-dangereux et non-forçant, et générer beaucoup trop d'emplois dans des domaines non-nécessaires, tels l'art. Je tiens à l'argument d'utilité dans le travail. Et je ne trouve pas que les artistes sont inutiles. À en croire le jeu Civilization IV, l'art génère à sa manière argent, bonheur, et contribue à assurer la prospérité d'un peuple. Mais autant dans ce jeu l'art peut dangereusement nuire à court terme à un développement militaire prudent, autant dans la vraie vie, je me foutrai un peu beaucoup des artistes quand ma toilette sera bouchée et que j'aurai une fuite dans un conduit de gaz.

    Je veux maintenant souligner un dernier point qui fera peut-être la lumière sur ma position : je rêve d'un monde ou chacun est réellement libre de faire ce qu'il veut. Dans un monde style prélude à La Matrice, où les humains disposent de robots (ou d'autres moyens) pour accomplir les tâches ingrates et assurer les fonctions permettant la survie la plus élémentaire (et attention, il faut que le système marche BIEN), et où les hommes et femmes ont le loisir de créer, de s'amuser, OU de participer à des tâches moins luxueuses si bon leur semble, je suis totalement pour la réalisation de l'individu (et de la collectivité) dans une activité quotidienne, ou plusieurs, qui plaisent à l'individu en question. Mais nous n'en sommes pas là. Et tant que nous n'en serons pas là, nous ne pourrons simplement pas nous permettre d'assurer la survie et la vie agréable de quiconque se prétend artiste parce qu'il a écrit des poèmes à la Nelligan pendant sa période dépressive au secondaire (d'aucuns verront à qui je fais référence). Et notez aussi que j'encourage de tout coeur les vrais artistes ; mais qu'il y en a encore trop qui prétendent au titre, et qui ont un auditoire, certainement, mais rien d'assez remarquable pour que leur nom figure jamais sur Wikipédia.

    Content d'avoir amené la controverse ! Mouahahahaha !!!

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  10. Je tiens d'abord à mentionner qu'au «faire ce que l'on veut», je préfère l'idée du «faire ce que l'on est». Cette idée n'est pas de moi; elle fut introduite à mon esprit telle qu'elle dans un livre et un contexte soixante-huitard. Elle n'était toutefois pas expliquée ni développée et je crois m'en être fait une version très personnelle. Je vous laisse faire de même. Néanmoins, pour des fins argumentatives, je m'en tiendrai au «faire ce que l'on veut».

    je commencerai par le commencement logique : ma définition du travail (comme le suggérait si pertinemment Gabriel). La vision que j'ai du travail est celle d'une activité plus ou moins restrictive, plus ou moins plaisante, plus ou moins payante et plus ou moins chiante. Le tout dépend de la personne qui travaille, de l'emploi en question et du contexte qui soutien cette merveilleuse relation. Comme je l'ai mentionné plus haut, j'adhère à l'idée qu'une telle forme de travaille est aliénante, car régie par des hiérarchies sociales et une compétition féroce. Cette compétition entre les humains ne m'apparaît pas comme quelque chose de souhaitable ou même de viable, et c'est pourquoi je suis également d'avis que «le travail, oui, s'il n'est pas lié à la survie [individuelle]». Je résume en une phrase : le travail créé une compétition entre les humains, ce qui fait en sorte que la survie de certains et certaines dépend de leur aptitude à marcher sur leurs frères et soeurs.
    Ici on m'accosterait avec de belles comparaisons animales et des darwinismes de survie du plus adapté. De 1, je considère que l'humain a tous les droits d'être différent des autres espèces animales, et donc ainsi agir suivant d'autres critères que le fameux «les loups se mangent entre eux» (on est pas des loups tabarnak !, bien que certains humains soient très poilus). De 2, mon interprétation de la «théorie» (attn : théorie n'est pas synonyme de vérité !) de Charles Darwin est qu'entre différentes espèces, il se créé habituellement une épuration en fonction de la capacité d'adaptation à l'environnement. Or, un fin observateur des animaux, Pierre Kropotkine (le fameux «prince» anarchiste), a également mentionné l'intérêt de l'entraide, en guise de facteur d'évolution tout aussi important (sinon plus) que la compétition.

    L'effort récompensé, d'accord; récompenser l'effort : non ! La nuance ici vise le fait que si une activité spécifique est majoritairement bien considérée, c'est davantage dû à un amalgame complexe de contexte, d'histoire et de nécessité, plutôt qu'à une vérité universelle. Bien que je partage l'avis de Coeus sur l'importance des médecins (comment on féminise ce mot ?), certaines personnes seraient en droit de s'opposer à un quelconque traitement médical qui briserait le cours normal de la vie (dans laquelle la douleur et la mort font partie). Sans trop m'étendre là-dessus, j'énonce ici le principe utilitariste que l'on ne peut véritablement faire d'échelle entre les préférences des gens. Toutefois, contrairement à messieurs Bentham et Mill, je crois qu'au lieu de créer une domination de la majorité (ce que nous vivons actuellement et qui se traduit par le terme de consensus), on devrait plutôt assurer que chacun et chacune puisse agir selon sa personne.
    Récompenser l'effort revient à mon avis à créer une entité supérieure à l'humain (d'ordre structuel ou abstrait) qui définirait dans quelle mesure récompenser l'effort (qui n'est pas une donnée objective).
    Il reste tout de même la possibilité, pour chacun et chacune, de récompenser les gens qui, selon eux ou elles, le mérite. Mais en aucun cas le mérite ne peut devenir une donnée objective et arithmétique : il s'agit du fruit d'une perception.

    Je ne peux prévoir si, véritablement, il y aura un plein emploi ou une certaine quantité de gens qui ne travaillent pas. C'est une possibilité qu'il ne faut pas exclure. Mais au-delà de leur 'paresse', ce sont des êtres humains, les gens qui travaillent auront tout à gagner à partageant avec ceux et celles qui ne travaillent pas.
    Je crois tout de même que dans une situation où l'ensemble des nécessités (a.k.a le véritable travail (et oui, j'en viens finalement à ma définition !)) est partagé également tout comme un certain filet social, les gens seront plus motivé-e-s à travailler. Plutôt que de croire en l'éventuelle abondance prescrite par la doctrine communiste, je revendique plutôt l'observable satisfaction des gens lorsqu'ils et elles sont (et se sentent) impliqué-e-s dans ce qu'ils et elles font.
    En ce sens, les coopératives de travail démontrent qu'il est possible d'oeuvrer sans hiérarchie, dans une structure horizontale, et d'avoir un niveau de production suffisant pour assurer le bien-être de tous les travailleurs et travailleuses de cette coopérative.
    Ma vision acceptable du travail est celle où ce qui doit être fait (liste déterminée démocratiquement par les gens concernés qui comprendrait logiquement : production de nourriture, entretien sanitaire et éducation) doit être partagé entre les gens dans l'optique où la société est le fruit d'une participation collective (là-dessus je mentionne brièvement que notre société ne respecte pas cette prérogative). La résultante est un minimum de temps imparti par chacun et chacune, en fonction des intérêts, à l'accomplissement du nécessaire social. Le temps restant est l'espace où l'on créé, l'on paresse et l'on joue à Civilization IV.

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  11. Ma réponse à ce texte méprisant:

    http://anarchopragmatisme.wordpress.com/2009/02/05/jinsiste-pour-les-anarchistes-le-travail-ne-doit-pas-etre-lie-a-la-survie/

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